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Grossesse sucrée : diabète gestationnel

Dernière mise à jour : 28 avr. 2020

Environ 3 à 6% des femmes enceintes développent un diabète gestationnel.

Lorsque l'annonce de diabète gestationnel tombe, les réactions des femmes enceintes sont variées : de l'acceptation au rejet de la pathologie, elles peuvent passer par divers états d'esprit.

Voyons quels sont les tenants et les aboutissants de ce diabète de grossesse.

Sommaire :

1. Définition

2. Complications

3. Dépistage et surveillance

4. Conseils hygiéno-diététiques


1. Définition


Des fluctuations insuliniques normales pendant la grossesse :

Les besoins en insuline diminuent en début de grossesse car l'insulino-sensibilité augmente. Puis, ces besoins insuliniques s'élèvent à cause d'une insulino-résistance hormonale et d'une baisse de la tolérance au glucose, au deuxième trimestre. Après l'accouchement, la glycémie redevient normale.


Mais, lorsque la machine se dérègle :

Le diabète gestationnel (DG) est un trouble du métabolisme glucidique pendant la grossesse, en lien avec les perturbations hormonales inhérentes à cet état physiologique, qui impactent la régulation de la glycémie et entraînent une insulino-résistance.

La résistance à l'insuline désigne un état des récepteurs cellulaires à ne pas répondre à l'arrivée de l'insuline sécrétée par le pancréas lors d'un afflux de glucose. Ce dernier ne peut donc être emmené et stocké dans le foie, les muscles, le tissu adipeux ; il demeure dans le sang et la glycémie reste élevée, ce qui peut devenir délétère (pathologies diabétiques).


On trouve deux types de DG :

-celui qui apparaît pendant la grossesse, puis disparaît à la fin des 9 mois ;

-et le diabète de type 2 pré-gestationnel non dépisté ; en effet, 15% des femmes présentant un DG avaient un diabète de type 2 (DT2) méconnu préexistant à la grossesse.

Facteurs de risque :

-une surcharge pondérale (IMC >25), une mauvaise alimentation.

-l'hérédité, avec des antécédents de diabète familial.

-l'âge (femme enceinte de plus de 35 ans).

-et/ou ayant présenté elle-même une macrosomie fœtale (>4kg à sa naissance).

-et/ou un précédent DG.


Remarque : On note que des femmes en surcharge pondérale ou avec une prise de poids importante et rapide pendant la grossesse développent plus facilement un DG.



2. Complications :


Pour la mère et le bébé :

-accouchement compliqué : dystocie[1] des épaules, déclenchement avant terme, césarienne.

-avortement spontané.

-toxémie gravidique[2] (pré-éclampsie). Risques maternels : convulsion (éclampsie), hémorragie placentaire/cérébrale, complications hépatiques, œdème pulmonaire, AVC, insuffisance rénale. Risques fœtaux : retard de croissance intra-utérin, naissance prématurée si interruption grossesse, souffrance fœtale, mort in utero.


[1] Dystocie des épaules : absence d'engagement des épaules du fœtus après passage de la tête dans le bassin de la mère : due à la taille du bébé ou à un obstacle mécanique lors de l'accouchement.

[2] Toxémie gravidique (pré-éclampsie) : anomalie du placenta, entraînant la production de substances qui vont altérer le fonctionnement des vaisseaux sanguins maternels et placentaires. Signes : HTA, protéinurie, œdèmes des mains et du visage.


Pour la mère :

-pathologies diabétiques : rétinopathie, néphropathie, coronaropathie, neuropathie, infection urinaire et pyélonéphrite.

-développer un DT2 : 7 fois plus de risque (Bellamy, Casas, Hingorani, Williams, 2009).


Pour le bébé :

-macrosomie : gros bébés (>4kg), qui ont plus de risques de développer un surpoids et un DT2.

-hydramnios (trop de liquide amniotique) : risque de prématurité, dystocie, malformations.

-mort in utero.

-malformations cardiaques, digestives, neurologiques, rénales, complications métaboliques, respiratoires ou vasculaires.


Remarques :

-La macrosomie a comme facteurs de risque le statut pondéral maternel, la prise de poids pendant la grossesse et les grossesses multiples (multiparité) - mais souvent conjuguées avec l'âge, puisque les 3ème ou 4ème enfants arrivent souvent après 35 ans.

-Les malformations surviennent chez 7,5 à 12,9% d'enfants de mères diabétiques, soit jusqu'à 7 à 10 fois plus que les enfants de femmes non diabétiques. Néanmoins, « un bon contrôle glycémique pré-conceptionnel permet de retrouver un taux de malformations semblable à celui de la population standard. » (Haddad et Langer, 2010).



3. Dépistage et surveillance :


-signes d'hyperglycémies : polydipsie (soif intense), polyurie (urines abondantes), polyphagie (grande consommation d'aliments), perte ou prise de poids, grande fatigue.


-glycémie par bilan biologique : à partir de 0,92g/L.


-prise de glycémie capillaire (dextro).


-test HGPO (hyperglycémie provoquée par voie orale), entre 24 et 28 semaines d'aménorrhée (5e ou 6e mois de grossesse), avec ingestion de 75g de glucose pur, à jeun, et vérification des glycémies : une valeur supérieure ou égale à la norme suffit à décider de traiter la future mère, soit > ou = à 0,92g/L à jeun (5,1mmol/L), ou 1,80g/L 1h après (10mmol/L), ou 1,53g/L à 2h (8,5mmol/L).


-hémoglobine glyquée (HbA1c, dosage tous les mois) : moyenne des glycémies sur 3 mois : bonne jusqu'à 6,5%, moyenne entre 7 et 7,5%, mauvaise au-delà de 8%.


Remarque : le DG est souvent asymptomatique. Les femmes enceintes ont donc des bilans sanguins de grossesse réguliers.

@teane.com

Réactions après l'annonce du DG :

La plupart des femmes enceintes développant un diabète gestationnel (DG) suit un traitement médical et des préconisations alimentaires afin de réguler leur taux de sucre sanguin et d'éviter les éventuelles complications du diabète. Dans la majorité des cas, la santé du bébé et de la mère prime sur les restrictions alimentaires et/ou traitement insulinique.

Néanmoins, une petite part d'entre elles rejette l'annonce de la maladie (même si elle est transitoire pour un certain nombre d'entre elles), voire se mettent dans une situation de dénégation, ne suivant alors pas les recommandations thérapeutiques.


Prenez alors bien connaissance des tenants et aboutissants ci-dessus, pour votre santé et celle de votre bébé. Ce ne sont que quelques mois à passer... (du 5e au 9e mois de grossesse).



4. Conseils hygiéno-diététiques :


Avant d'envisager un traitement par injection d'insuline si les recommandations hygiéno-diététiques ne suffisent pas, un RV avec une diététicienne-nutritionniste permettra d'apprendre à gérer le diabète de grossesse par l'alimentation :


-Comme pour toute grossesse, un accent est mis sur l'équilibre des repas, leur composition, la variété des aliments consommés (voir mon article sur l'alimentation de la femme enceinte).


-On vous encouragera à pratiquer une activité physique, tant que votre condition médicale vous le permet : marche, tâches ménagères, sport (voir avec votre médecin).


-Consommer des aliments glucidiques à chaque repas : les féculents (céréales, tubercules, légumineuses). Les féculents complets seront de meilleurs alliés pour le diabète et pour la santé que les produits raffinés (blancs).


-Vous pouvez vous baser sur l'index glycémique (IG) des aliments, afin de faire un choix plus judicieux pour éviter le passage trop rapide des glucides vers le sang : les IG bas (aliments fibreux et/ou à glucides complexes : produits céréaliers, tubercules, légumineuses, fruits et graines oléagineux, légumes et fruits entiers) ralentissent ce passage dans le sang et évitent une montée trop rapide de la glycémie (= hyperglycémie), puis une retombée tout aussi rapide (= hypoglycémie).

Attention : une cuisson prolongée (pâtes trop cuites), des produits raffinés (pâtes blanches, riz blanc, pain blanc...), mais aussi la pomme de terre en purée, par exemple, augmentent l'IG.

En outre, la charge glycémique (CG) indique cet IG rationalisé en fonction de la quantité de glucides de l'aliment. Exemple : 150 à 200g de carottes cuites possèdent un IG élevé d'environ 50, mais une charge glycémique basse de 5, car contiennent seulement 10g de glucides. Le calcul se fait comme suit : CG = IG x quantité de glucides de la portion d'aliment en grammes / 100. Une CG en-dessous de 10 est basse, elle est moyenne entre 11 et 19 et élevée au-delà.


-Attention au sucre, aux produits sucrés, viennoiseries, sodas, jus de fruits (tous à IG élevés, donc), à ne pas consommer en trop grande quantité, ni de manière isolée mais à inclure dans un repas ou une collation, avec des glucides complexes (produit céréalier, légumes secs, tubercules), un aliment protéique (viande/poisson/œufs), un produit laitier (yaourt nature, portion de fromage, lait d'une béchamel/dans des céréales du matin), un peu de lipides bien choisis (huile, fruits oléagineux, un peu de beurre ou de crème), pour ne pas faire d'hyper- puis d'hypoglycémies (et les conséquences éventuelles sur votre santé et celle de votre enfant)!

NB : attention également aux céréales ou biscuits du petit-déjeuner, très riches en sucres ; privilégiez du muesli ou des flocons d'avoine (auxquels vous pouvez rajouter fruits secs ou quelques copeaux de chocolat pour le plaisir).


-Privilégiez des fibres (autant pour le transit que pour le ralentissement du passage des glucides vers le sang) : produits céréaliers (riz, blé, sarrasin, seigle, avoine, quinoa), tubercules (pomme de terre, patate douce, topinambour), légumineuses (haricots secs, lentilles, fèves, pois chiches), fruits et graines oléagineux (noix, amandes, graines de courge, de lin, de tournesol, sésame), légumes et fruits entiers (car, en jus ou en compote, les fibres sont soit absentes soit ramollies et déjà en partie découpées).


-Les oméga 3 sont reconnus pour lutter contre le diabète et sont bons contre les maladies cardio-vasculaires et pour le développement du cerveau. Leurs sources sont végétales (acide alpha-linoléique-ALA) et animales (EPA et DHA) : les poissons gras (sardines, harengs, maquereaux 1 fois par semaine ; également des gros poissons tels que thon, saumon, marlin, espadon, mais ces derniers gros prédateurs contiennent aussi beaucoup de métaux lourds, donc espacer leur consommation dans le temps), des huiles végétales (huile de colza, de lin, de chanvre, de noix, de noisette, de cameline...), des fruits oléagineux (noix), des animaux nourris aux oméga 3 (viandes, laits, œufs de la filière Bleu-Blanc-Cœur) et quelques végétaux (salade de mâche, pourpier).


-Choisissez vos graisses : huiles végétales à favoriser, mais un peu de beurre et de crème de temps ne temps (car contiennent des vitamines A et E antioxydantes également). Limiter les produits industriel, les acides gras saturés (graisses animales, huile de palme, de coco de temps en temps car présence de TCM-triglycérides à chaîne moyenne) surtout si hydrogénés (= acides gras trans, toxiques) et les oméga 6 (huiles de tournesol, de pépins de raisin, de sésame, de carthame), car nous en consommons trop.

NB : les margarines, bien qu'elles soient faites à base d'huiles végétales, sont souvent hydrogénées = processus industriel avec risque de transformation en acides gras trans.


-Si vous tombez en hypoglycémie (fébrilité/vertige, fatigue, sueurs, vue brouillée, irritabilité, palpitations, pâleur, sensation de faim, tremblements, maux de tête...), ayez toujours de quoi vous re-sucrer rapidement avec 15g de sucre rapide : 3 carrés de sucre, 15 à 20cL de jus de fruit 100% pur jus (une petite brique individuelle), une cuillère à soupe de sirop dans un verre d'eau, 1 cuillère à soupe de confiture ou de miel...


Cela donne donc :

-des féculents, fruits et légumes, produits laitiers : à chaque repas ;

-des aliments protidiques au moins une fois par jour (même 2 fois par jour aux 2e et 3e trimestres) ;

-sucres et édulcorants : à limiter (car les édulcorants conservent l'attirance pour le goût sucré sans pour autant apporter grand chose, si ce n'est des suspicions de toxicité et la production d'insuline) ;

-des matières grasses à diminuer, mais à conserver tout de même en effectuant un choix.


Si vous avez besoin d'une collation, vous pouvez opter pour 1 fruit + 1 tranche de pain (complet, si votre transit le permet), ou 1 morceau de pain aux céréales avec de la purée d’amande ou du beurre de cacahuète ou 1 morceau de fromage, ou 1 fruit + 1 poignée d’oléagineux (voir aussi https://www.alimentation-et-grossesse.com/diabete-de-grossesse-et-alimentation/).


Les autres conseils généraux alimentaires et d'hygiène de vie sont listés dans la partie sur l'alimentation saine, variée et équilibrée de mon article sur l'alimentation de la femme enceinte.



La grossesse est une bonne occasion pour (ré)apprendre l'équilibre alimentaire, c'est-à-dire comment bien composer ses repas tout en prenant du plaisir, (re)découvrir des plaisirs gustatifs simples, remplacer des produits douteux par d'autres aussi bons en goût mais meilleurs pour la santé.

Vous aurez alors toutes les cartes en main pour transmettre ces bonnes habitudes et ces connaissances à votre enfant!


Et, si tout ceci vous paraît trop complexe et que vous n'arrivez pas à faire le tri dans les informations que vous entendez ou lisez de toutes parts, n'hésitez pas à prendre contact auprès d'un professionnel de santé spécialisé dans la diététique et la nutrition!


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